S’indigner ou entreprendre?
La manifestation collective d’une indignation sincère peut – peut-être – porter ses fruits mais suffit rarement à constituer une politique susceptible de transformer le réel. Il ne suffit pas de décrier la maladie, encore faut-il lui chercher des remèdes.
«Si on pouvait recouvrer l’intransigeance de la jeunesse, ce dont on s’indignerait le plus c’est de ce qu’on est devenu» (André Gide)
La représentation de l’avenir implicitement offerte aux citoyens, et particulièrement aux plus jeunes d’entre eux, n’est plus de faire de pénibles efforts pour un futur meilleur mais bien pour ne pas se paupériser. En l’absence de réels porteurs d’une ambition commune, positive et réaliste, cette chronique d’une défaite annoncée conduit à nourrir le sentiment d’une dépression auquel les entreprises n’échappent pas. Défiance, désengagement et risques psychosociaux sont ainsi devenus le lot quotidien du management.
Dans cette perspective, la manifestation collective d’une indignation sincère peut – peut-être – porter ses fruits mais suffit rarement à constituer une politique susceptible de transformer le réel. Il ne suffit pas de décrier la maladie, encore faut-il lui chercher des remèdes.
Opposer la souffrance des salariés, dont la réalité grandissante est incontestable, à l’exigence de compétitivité des entreprises, dont la nécessité est tout aussi incontestable, ne doit pas conduire à prendre l’entreprise en otage. Une telle approche est non seulement contraire à ce qui fait la source de nos économies mais aussi à ce qui contribue à l’épanouissement de l’homme, c’est-à-dire le besoin d’entreprendre.
A l’inverse, un optimisme béat, conduisant à refaçonner la réalité telle que nous aimerions la voir et à nous affranchir d’un esprit critique nous permettant de l’affronter telle qu’elle est, est souvent plus une source de désillusion que de réel progrès.
Entre ces deux attitudes, une analyse critique des problèmes et une posture positive dans la façon de les affronter offre plus de chance de les résoudre.
Aussi, est-il préférable en l’occurrence de cerner, dans les pratiques de certaines entreprises, ce qui constitue des facteurs de souffrance sur lesquels il est possible d’agir pour tenter de faire évoluer réellement les situations.